Godard’s 60s: La Chinoise
Pour ceux d'entre nous qui pensent encore à Jean-Pierre Léaud tel que nous l'avons vu pour la première fois, sur les étagères de la bibliothèque dans des films réalisés par François Truffaut, La Chinoise est un appel doux. Sans Jean-Luc Godard, Olivier Assayas aurait-il tout de même jeté Léaud à boire dans une bouteille de Coca-Cola de trois litres surdimensionnée Irma Vep? Serait Tsai Ming-liang, son amour pour Les 400 coups intacte, insister sur le grand pardessus de Léaud en Quelle heure est-il là-bas?, ou sur le geste physique d'un numéro de téléphone passé sur un morceau de papier?
Léaud, avec ses exaspérations faciles, réagit. Il affirme sa nervosité au lieu de la cacher; ses mains indiquent une surprise continue et sans surveillance avec ses propres émotions perturbatrices. Truffaut réduit de plus en plus les performances, mais Godard, comme Luc Moullet avec Une fille est une arme à feu, insista Léaud. A chaque nouvelle saison, un vieux film Godard le remet en circulation. La Chinoise devrait être omniprésent. Il anticipe non seulement les émeutes étudiantes de Paris en 1968 mais aussi le plus grand des suppléments DVD, l'audition archivée. Encore une fois, c'est Truffaut qui a épissé l'essai de Léaud pour Les 400 coups—Une question-réponse improvisée — dans la coupe finale. Mais où Truffaut a courtisé le naturalisme à travers la scène non répétée, La Chinoise sollicite la mécanique du pied de flotte de l'invention. Léaud incarne Guillaume, étudiant et maoïste, qui pontifie longuement, mais seulement parfois en tant que Guillaume. Parfois c'est Jean-Pierre, parfois il s'adresse à ses camarades de classe, et parfois il se moque de la foule. Si le public n'est pas nous, c'est Godard que l'on entend, ou peut-être Raoul Coutard, le caméraman, que l'on voit derrière sa caméra. Cliquez ici pour lire le reste de l'article de Nathan Kosub sur La Chinoise.